Le golf de Cognac

le 18/11/2011 Source: SUD OUEST

le golf au bord du trou selon son président 


Pour Philippe Durand, les soucis financiers passent par un rachat par l'association. 

 Philippe Durand est prêt à mettre une avalanche de documents sur la table.  Photo Ph. M.  Le trou est un ami des amateurs de golf, sauf quand il s'agit d'un trou financier. Pour Philippe Durand, élu en juin à la tête de l'association gestionnaire, le golf du cognac y va tout droit. Selon ses prévisions, à la fin de l'exercice 2013, la trésorerie passera dans le rouge, et le dépôt de bilan ne sera pas loin. 

Le dossier devrait alimenter un rude feuilleton, ouvert avec l'élection très disputée du conseil d'administration, en juin dernier. Avec 78 % des votes exprimés, la liste menée par Philippe Durand avait nettement battu ses adversaires, dont ceux s'inscrivant dans la continuité de la présidence de William-Henri Coates, avec 78 % des 352 votes exprimés. 


Aujourd'hui, Philippe Durand reproche à ses prédécesseurs d'avoir formulé un budget prévisionnel « démesurément optimiste ». Expert-comptable de métier, il aligne une batterie de documents pour étayer ses explications.


2 000 € par adhérent
Sur l'année 2011, le prévisionnel misait sur un bénéfice de 83 000 €. « On va être à moins 67 000 € », annonce Philippe Durand. La faute, notamment, à des frais financiers de 22 000 € - liés à un emprunt de 800 000 € - qui n'auraient pas été intégrés, et à des frais de personnel sous-évalués, 301 000 € au lieu de 370 000 €. Le « green fee », c'est-à-dire le droit de jeu payé par des usagers de passage, ne va rapporter que 160 000 € hors taxe, bien moins qu'attendu.


Pour le président, l'association est étranglée par un emprunt d'un million d'euros sur dix ans, contracté pour un investissement lourd sur le réseau d'arrosage. Dans un précédent feuilleton, celui de l'obtention de la délégation de service public (DSP), l'association s'était en effet engagée à réaliser 1,2 million d'investissement sur sa mandature, tout en restituant le golf à la Ville à la fin.
Impossible à assumer selon Philippe Durand. Lors de son élection, il avait évoqué l'idée d'un avenant à la convention. En septembre, un projet choc a émergé : demander à la commune de Cognac de casser la DSP et de vendre le golf à l'association. Dans ce cas, Philippe Durand se dit en mesure de renégocier l'emprunt sur vingt ans pour le digérer.


Une consultation a été lancée auprès des 500 adhérents. Philippe Durand ressort la calculette. Le golf a coûté 2,5 millions d'euros à sa création en 1985, en grande partie des fonds publics. Depuis, l'association a injecté environ 1,6 million d'euros en investissement. Le golf vaudrait aujourd'hui environ 1,8 million. Le président suggère à la Ville de rétrocéder à l'association 800 000 €, en reconnaissance de ses dépenses. Resterait à réunir un million d'euros, soit une moyenne de 2 000 € pour les 500 adhérents, pour atteindre 1,8 M €.


Le directeur mis à pied
Le maire Michel Gourinchas se dit ouvert à la discussion. Il souhaite une expertise extérieure et, surtout, des garanties pour maintenir la dimension de « développement du territoire, sur le plan économique, sportif et touristique ». En coulisses, les couteaux sont de sortie, certains accusant l'équipe actuelle de songer à réaliser une belle opération. Philippe Durand s'en défend fermement. « Moi, j'en ai un peu marre. Si on ne trouve pas une solution rapidement, on va arrêter », prévient-il.


Ces éléments ne constituent que la face émergente d'un sacré bourbier. Philippe Durand fustige le directeur, Thierry Olivier, qu'il accuse de n'avoir pas contrecarré à temps des problèmes liés à la sécheresse et à un champignon, le dollar spot. Les terrains étaient cet été dans un état catastrophique, et la réputation du site en a pris un coup. Il est également reproché à Thierry Olivier d'avoir lancé, en 2010, une activité annexe de conseil auprès des entreprises, en faisant financer sa formation par le golf. Il a été mis à pied le 25 octobre, avant un entretien préalable au licenciement le 4 novembre. La suite dépendra du soutien obtenu par l'équipe en place.

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