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L'ex-zone noire doit composer entre terrains abandonnés, maisons sauvées et activités économiques. Faut-il dépeupler ou protéger à tout prix
Volets fermés, maisons barricadées… Trois ans après Xynthia, la pointe de la Fumée, à Fouras, digère plutôt mal son statut d'ex-zone noire. Quand d'autres communes ont déjà rasé, voire reconstruit à l'image de Port-des-Barques ou Charron, la presqu'île est la dernière à attendre la labellisation de son Papi (plan d'actions et de préventions des inondations).
Ce dernier doit être présenté le 13 décembre, à Paris, pour une validation en début d'année 2013, espère-t-on à la mairie. « Fouras est un cas d'école parce qu'il y a de l'eau partout. Les relevés topographiques ont pris du retard. Le premier jet d'études a été modifié », reconnaît le maire, Sylvie Marcilly.
Trois ans après Xynthia, la pointe de la Fumée n'est toujours pas protégée et le paysage complètement morcelé. L'État a acheté ici, à la va-vite, une cinquantaine d'habitations à prix d'or, pour 12,7 millions d'euros. Soixante-dix autres propriétaires ont résisté aux sirènes.
Conséquences : l'ex-zone noire doit aujourd'hui composer avec des terrains abandonnés, des maisons sauvées et des activités économiques.
Une fois les maisons rasées, à quoi va ressembler cette langue de terre, autrefois verdoyante ? « Il faut que la requalification profite à tout le monde, aux plaisanciers, comme aux riverains et aux ostréiculteurs.
Les Fourasins doivent se la réapproprier. Il faut repenser la circulation, pouvoir s'y promener. Mais il faut aussi anticiper les nouveaux règlements sur l'eau pour les mytiliculteurs, avec la création de bassins de purification, par exemple », esquisse Sylvie Marcilly.
Les ingénieurs de la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dreal), service régional de l'État, vont plus loin. Ils préconisent une « renaturisation » du site.
Question taboue
Par ailleurs, selon eux, les terrains rachetés doivent surtout rester propriétés de l'État et non pas retomber dans le domaine public, pour éviter aux communes de refaire les mêmes erreurs urbanistiques que dans le passé.
Mais il reste une question taboue et douloureuse pour les sinistrés : si l'on dépeuple la Fumée, alors pourquoi protéger à tout prix ? Selon le Papi, le coût des différents ouvrages (murets, enrochements…) s'élèverait entre 8 et 10 millions d'euros qui se répartiraient ainsi : 40 % pour l'État, 20 % pour la Région, 20 % pour le Département et 20 % pour la commune.
Élu de l'opposition, Yann Béret défend un dépeuplement en douceur : lorsqu'une maison est mise en vente, la commune peut préempter. Mais il s'interroge aussi sur le coût de l'entretien des futurs ouvrages. « Quel va être le coût de fonctionnement pour entretenir ces protections ?
Ce coût, on l'a complètement omis du raisonnement. L'État ne voit pas plus loin que le bout de son nez. On finit par payer des choses qu'on ne devrait pas payer », commente l'élu socialiste.
À la tête de l'association Vivre à Fouras-la Fumée, Alain Grinda ne se situe pas dans le même camp. Aux lendemains de Xynthia, il fut l'un des premiers propriétaires à dénoncer « les pressions » de l'État et à appeler ses voisins à ne pas vendre.
Trois ans plus tard, son constat est amer : « C'est un véritable gâchis et un gaspillage des finances de l'État. On a dépensé plus en rachats qu'en protections. Trois ans après Xynthia, on a abouti sur rien et on attend toujours les protections », résume-t-il.
Bien déterminé à continuer de couler des jours heureux à la Fumée, il n'est pas opposé à une requalification qui ferait la part belle aux espaces verts, mais pas au détriment des activités économiques.
« Il ne faut pas se précipiter. Il faut prendre le temps de la réflexion », estime Sylvie Marcilly.
À la recherche d'un nouvel horizon, la pointe de la Fumée pourrait bien être l'un des enjeux des prochaines élections municipales. D'où ce pronostic de certains : « On n'est pas près de voir les digues. »








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