Vingt millions d'emplois en moins d'ici fin 2009



prévoit l'OIT



par Jonathan Lynn
GENEVE (Reuters) - Vingt millions d'emplois disparaîtront d'ici la fin 2009 en raison des conséquences de la crise financière, estime l'Organisation internationale du travail (OIT).

Les secteurs les plus touchés seront la construction, l'immobilier, les services financiers et l'automobile, précise l'OIT, qui s'appuie sur les projections du Fonds monétaire international.


Le bilan s'alourdira encore si les projections du FMI sont revues à la baisse, a souligné le directeur général de l'OIT, Juan Somavia.

"Nous devons parler de la crise financière en termes de conséquences pour les gens, de conséquences pour les emplois et les entreprises", a-t-il ajouté.

L'OIT, qui dépend des Nations unies, rassemble pouvoirs publics, employeurs et travailleurs pour "promouvoir le travail décent à travers le monde".

Elle souhaite conduire des discussions sur la manière de résoudre la crise en créant des emplois et en insistant sur des mesures en faveur de "l'économie réelle", distinguée ainsi de l'économie financière.

L'organisation ne dispose pas encore d'un décompte région par région des pertes d'emplois. Mais en atteignant 210 millions à la fin 2009 contre 190 millions l'an dernier, le nombre des sans emploi dans le monde dépasserait pour la première fois 200 millions.

Somavia a cependant estimé que les pays s'appuyant sur un large marché intérieur, et moins dépendants des exportations, s'en sortiraient mieux. Il a pris l'exemple de la Chine, dont les exportations représentent seulement 11% du PIB.

Le directeur de l'OIT a jugé préoccupant que le chômage mondial soit resté au même niveau malgré la forte croissance économique enregistrée entre 2002 et 2007.

Il a plaidé pour que les ressources soient injectées dans l'économie pour éviter ou atténuer les effets de la récession et se concentrent sur les secteurs à forte main d'oeuvre, y compris les PME. Le secteur financier devrait être aussi ramené à sa fonction première de prêteur aux entreprises, selon l'avocat et diplomate chilien.

Il a souligné que la part du secteur financier dans les bénéfices des entreprises américaines s'était élevée l'an passé à 41% contre 5% en 1980. En conséquence, les banques ont préféré investir dans des transactions financières plutôt que de prêter à d'autres secteurs productifs.

"Ce système a commencé à siphonner les ressources de l'économie réelle", a-t-il dit.

Les entreprises non financières cotées en Bourse ont alors subi de fortes pressions pour dégager des rendements proches de ceux du secteur financier, les contraignant à réduire leur masse salariale au lieu de réaliser des investissements à long terme.

"D'un certain point de vue, on appelle ça des hausses de productivité. D'un point de vue plus profond, cela signifie qu'un travailleur devient une matière première", a-t-il conclu.

Version française Jean-Stéphane Brosse

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