Entre ciel et terre …. le débat

 le 27 Novembre 2009

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« Sud Ouest ».

Si les trains et les bateaux semblent encore davantage ancrés que les gros avions dans le paysage charentais-maritime, 215 000 passagers transitent pourtant désormais chaque année par l'aéroport de La Rochelle. Annoncé pour 2012, puis pour 2020, le déménagement vers le tarmac de Rochefort-Saint-Agnant sera aujourd'hui au coeur du colloque organisé par Dominique Bussereau, secrétaire d'État aux Transports et président du Conseil général. Un « horizon 2020 » malgré tout plus incertain qu'il n'y paraît.




Êtes-vous bien certain que l'horizon 2020 sera si différent de 2009 ? On voit mal par exemple un La Rochelle-Los Angeles desservi quotidiennement par American Airlines...
Dominique Bussereau. Non, mais les choses seront très différentes. Il y a dix ans, par exemple, le modèle économique des low-cost était balbutiant. Est-ce qu'en 2020 des compagnies comme Ryanair ou EasyJet existeront encore, nous n'en sommes pas sûrs. On voit d'ailleurs arriver les Asiatiques et les Russes sur le marché. La seconde interrogation concerne le paysage des transports français. Il faudra alors à peine plus de deux heures en TGV pour faire Paris-La Rochelle, et les aéroports de Nantes et de Bordeaux qui nous entourent auront profondément évolué.



L'aéroport de La Rochelle peut-il, justement, être autre chose qu'une piste régionale coincée entre ces deux villes ?
C'est tout l'objet de la discussion, sans oublier qu'il s'agira de l'aéroport départemental de Rochefort-Saint-Agnant, et que nous avons donc dix ans pour l'adapter aux besoins futurs d'un département aussi touristique que la Charente-Maritime. Il faudra également aménager le contournement routier de Rochefort et améliorer la liaison vers Royan, mais ça, c'est facile à régler. À l'issue de ce colloque, nous rédigerons un livre blanc en guise d'étude de marché, et il nous servira à prendre les bonnes décisions au cours du second semestre 2010.
Que répondez-vous aux Rochelais, opposés à ce déménagement, qui expliquent que seule l'image de carte postale de cette ville permet d'attirer les compagnies ?
La piste de La Rochelle a l'avantage de ses inconvénients, elle est en coeur de ville, et ne pourra donc pas s'adapter aux avions du futur. Le débat est tranché. Au-delà de ça, nous devons également nous pencher sur l'aménagement de l'aéroport rochefortais. C'est une décision lourde, et je ne veux pas dépenser un centime d'argent public pour un outil que l'évolution des transports et des modes de vie rendraient inutile. A la limite, face à la montée en puissance du TGV, on peut même se demander si nous aurons toujours besoin d'un aéroport départemental en 2020.
Thomas Juin, le directeur de l'aéroport rochelais, assure pourtant que l'avenir de sa piste passe uniquement par les compagnies à bas coût...
C'est un excellent spécialiste, mais, encore une fois, je ne suis pas sûr que le modèle low-cost tiendra encore dans dix ans. Avec notamment la hausse du carburant, les compagnies se regroupent et ont forcément envie d'aller vers des plateformes plus importantes. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que Bordeaux-Mérignac construit une aérogare spécialement pour ces compagnies.
Ces compagnies sont accusées régulièrement de chantage aux subventions pour maintenir - ou ouvrir - des lignes telles que La Rochelle-Oslo.
L'argent des contribuables du département doit-il servir à financer le week-end des Norvégiens plutôt que l'inverse ?
Sauf que notre objectif est quand même, d'abord, de faire dépenser des couronnes norvégiennes en Charente-Maritime plutôt que nos euros à Oslo. Et il faut bien maintenir le trafic, sinon nous n'aurons plus que l'hélicoptère de la Sécurité civile à déménager dans onze ans.
Projetez-vous en 2020, votre valise à la main, sur le tarmac de Rochefort : où et comment partez-vous ?
J'embarque à bord de la nouvelle génération d'Airbus ou de Boeing. Direction Moscou, parce qu'il n'y a pas de raison pour que la clientèle russe vienne uniquement sur la Côte d'Azur, et pas au bord de l'Atlantique.
Puisqu'il vous reste encore quelques mois au ministère des Transports avant les élections régionales, allez-vous, comme d'autres, en profiter pour faire un peu de favoritisme pour le département que vous dirigez ?
Depuis huit ans, j'ai toujours veillé à m'occuper sérieusement des dossiers du gouvernement, sans aucun favoritisme. Qu'il s'agisse d'agriculture, du budget ou des transports.







Après Rotterdam, La Rochelle s'envole vers Oslo

Thomas Juin (photo pascal couillaud)
Thomas Juin (photo pascal couillaud)
Après le joli contrat signé la semaine passée entre Thomas Juin et la compagnie hollandaise Transavia, on pensait la saison du mercato aérien achevée.
Mais le directeur de l'aéroport de La Rochelle a confirmé, hier, que Ryanair ouvrirait dès le printemps prochain une ligne régulière vers Oslo.
Ainsi, deux fois par semaine (1), les Boeing de la compagnie irlandaise à bas coût feront-ils la navette entre la Charente-Maritime et la très prisée capitale norvégienne.
Une destination quasi unique pour un aéroport régional français, mais un véritable pari.
« Seule Nice en profite déjà. Contrairement à ses autres lignes vers l'Angleterre, Ryanair prend cette fois un vrai risque en créant avec nous un marché de toutes pièces, s'enthousiasme Thomas Juin. Car, à l'inverse des Anglais ou des Belges, les touristes norvégiens sont en effet particulièrement rares chez nous. Et n'oublions pas qu'après les Luxembourgeois, leur produit intérieur brut par habitant est le plus fort du monde. »
30 000 passagers
Les réservations déjà ouvertes par Ryanair devraient, en revanche, servir de test grandeur nature quant à la rentabilité et donc à l'avenir de cette ligne surprenante. Après Rotterdam et Charleroi décrochées cette année, Oslo sera la seizième destination régulière proposée depuis La Rochelle.
Déjà bien connecté avec le Royaume-Uni, l'aéroport régional s'offre là un business potentiellement très rentable, puisque 30 000 nouveaux visiteurs sont attendus en 2010.
« Mais nous pensons aussi que les Charentais-maritimes auront envie d'en profiter pour aller découvrir cette grande ville du nord », poursuit le patron du tarmac rochelais.
« Un faux débat »
Moins radicalement opposé que par le passé au déménagement de l'aéroport vers Rochefort en 2020 (lire ci-dessus), Thomas Juin assure en revanche que le principal atout du ciel charentais-maritime serait son écrin rochelais et rétais.
« Souvenez-vous que, des années 70 jusqu'à 2003, chaque année 40 000 passagers transitaient par La Rochelle, essentiellement à destination de Paris. Aujourd'hui, nous en sommes à 215 000, et bientôt je l'espère 300 000. Soyons clairs, si nous développons de nouvelles lignes, c'est grâce à l'image de prestige de La Rochelle. Et aussi à ses dessertes déjà très bien organisées, qu'il s'agisse de taxis, de bus ou de train. Le reste n'est qu'un faux débat. Casser cet élan d'ici 2020 serait pareil que de se tirer une balle dans le pied. Il faut continuer à donner confiance aux compagnies aériennes. En admettant aussi que si le trafic explose, il sera moins compliqué de le gérer sur la piste de Rochefort-Saint-Agnant. »
(1) A partir du 2 avril. La Rochelle- Oslo Rygge, lundi et vendredi (10 h et 12 h 25). Oslo Rygge-La Rochelle (6 h 40 et 9 h 35). Sur son site, la compagnie Ryanair a déjà mis en vente des milliers de billets à prix cassés.
Auteur : sylvain cottin

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1 commentaire:

  1. Bonjour Jean Marc,

    je suis un inconditionnel pour l'aéroport de Rochefort/St Agnant.La seule ville de charente maritime qui fabrique des éléments d'avions , qui forme les meilleurs mécaniciens de l'aéronautique, un site exeptionnel pour recevoir des gros porteurs.

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