Après XYNTHIA à Fouras

31 Mars 2010

Les esquisses de la carte des zones jaunes ou rouges dessinée par l'État commencent à être connues. Des sinistrés refusent l'idée de déménager.

On devrait en savoir plus aujourd'hui sur les décisions prises au plus haut niveau, à l'issue du Conseil des ministres. Mais il n'est pas sûr qu'on en connaisse le détail, commune par commune, quartier par quartier  avant la fin de la semaine.
Toutefois, le principe arrêté (zone rouge dans les secteurs ayant eu plus d'un mètre d'eau) donne une indication sur les communes qui devraient être les plus touchées par le zonage .


Certains maires consultés ont déjà une idée de ce que les experts ont décidé pour leur territoire, voire le territoire du voisin. Ils nous donnent leur opinion sur la méthode.

Pour Fouras, Sylvie Marcilly, maire de la commune.
« Le préfet nous a très clairement dit que certains habitants vivent dans des zones mortelles. Les maisons fortement exposées aux risques seraient au nombre de 90 à la pointe de la Fumée.

Du coup, avec mon adjoint, depuis samedi matin, nous visitons les sinistrés pour leur faire part de ces mesures et leur dire de ne pas accélérer les réparations, même si nous attendons l'arrêté ministériel. Le plus souvent, les habitants qui ont eu très peur, prennent conscience du danger. »

Henri Morin, adjoint au maire, chargé du tourisme, à Fouras.

« Deux des trois campings municipaux, celui de l'Espérance et celui de la Fumée, pourraient ne pas rouvrir. Mais nous ne désespérons pas de faire évoluer l'administration. Si le camping est en zone inondable avec des mobil-homes à l'année, la fermeture semble évidente.

Mais s'il s'agit de campings où rien ne reste après la saison, puisqu'on sait que les forts phénomènes météos ne se produisent pas en été, pourquoi être aussi draconien ? Et pourquoi ne pas envisager une autorisation d'ouverture sur trois mois et demi au lieu de cinq ? Sinon, que deviendra notre station balnéaire. Nous espérons vraiment pouvoir discuter. »


Ils ne partiront pas

Au 
premier étage, face à l'Océan déchaîné hier, à Fouras, Jacques Schmutz 
estime être en sécurité. (photo dominique jullian)
(photo dominique jullian)
Au premier étage, face à l'Océan déchaîné hier, à Fouras, Jacques Schmutz estime être en sécurité.

En observant, hier, le cortège d'artisans aller et venir le long de l'avenue sinistrée du Bois-Vert à Fouras, personne n'osait vraiment imaginer que son travail de reconstruction pourrait être bientôt mis à terre par des bulldozers. Car, alors que l'État s'apprête à publier la liste des fatidiques zones rouges ), de nombreux riverains ont déjà été officieusement prévenus d'une possible expropriation.

Mais de Port-des-Barques jusqu'à Charron et de Loix-en-Ré jusqu'à Châtelaillon-Plage, ce principe de précaution a parfois bien du mal à ne pas être considéré comme une injuste épée de Damoclès.

Second étage obligatoire ?
Installé depuis vingt ans à la naissance de la pointe de la Fumée, presque au bout du bout de Fouras, le docteur Jacques Schmutz annonce même vertement la couleur locale : « Je ne bougerai pas d'ici, quitte à poursuivre l'État au tribunal. »

Au-delà d'un lien forcément nostalgique avec ce front de mer qu'il arpentait déjà en culottes courtes, Jacques Schmutz assure que quelques précautions architecturales essentielles suffiraient à garantir la sécurité des biens et, surtout, des personnes. « Tout le monde ici vit avec la mer et en connaît les risques.

D'ailleurs, ma maison date de 1923, et la structure n'a jamais bougé malgré les différentes tempêtes qu'elle a essuyées. Je l'ai simplement fait ceinturer de caillebotis en guise d'immenses caniveaux afin de réexpédier l'eau vers la mer. » Ce qui n'a pas empêché Xynthia de noyer son rez-de-chaussée. « Oui, mais il y a un étage, ce qui devrait d'ailleurs être obligatoire pour toutes les maisons situées dans les zones à risque.

Je propose également l'interdiction absolue d'aménager les sous-sols en chambres, ainsi que la reconstruction de ces maisons au-dessus du niveau des plus hautes eaux, avec un vide en dessous.

Regardez en Floride : toutes leurs habitations échappent à l'eau grâce aux pilotis. Tout cela pourrait être placé sous l'autorité et la compétence d'un conseil d'architectes. »

À Fouras, où près de 90 maisons risquent d'être rayées du paysage, le sentiment d'être victime d'une double peine est présent dans de nombreux esprits.

« Gare aux passe-droits ! »
« Nous n'avons pas, hélas, les relais politiques et parisiens de l'île de Ré ; là-bas, il y aura certainement beaucoup de passe-droits », redoute un voisin du docteur Schmutz. « Pourtant, tout le monde sait que si l'on ne fait pas n'importe quoi, la vie est possible ici.

Mais si l'État décide de raser des quartiers comme le nôtre, alors cette nouvelle tempête administrative nous fera encore plus mal que celle du 28 février. Regardez à Vaison-la-Romaine, dix-huit années après les inondations, certains attendent encore les indemnisations promises. »

Infos extraite du sud-Ouest du 31 Mars 2010 -voir l'article dans son intégralité

2 commentaires:

  1. Blog très interessant.
    D'ailleurs j'ai écris sur le sujet sur le Post.

    http://www.lepost.fr/article/2010/04/01/2014335_xynthia-la-reconstruction-en-question.html

    RépondreSupprimer
  2. Jean-Noël Gosselin (Allée du Tourillon, La Fumée)5 avril 2010 à 00:57

    Et à la prochaine crue de la Seine, on rase la moitié de Paris ?
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Crue_de_la_Seine_de_1910
    20.000 immeubles et 30.000 maisons inondés.
    La prochaine crue centennale ne devrait plus tardé...
    Et les inondations en baie de Somme, tout le monde a oublié ? C'est très loin 2001...

    RépondreSupprimer