C'est la ruée vers l'ouest

Jeudi 08 Janvier 2009

DÉMOGRAPHIE. La Charente-Maritime continue à progresser. Elle a dépassé le cap des 600 000 habitants. C'est le littoral qui attire

Une histoire de cercles qui s'élargissent. Ils sont liés aux zones de vie et d'activités économiques. Plus l'attractivité est forte plus le cercle démographique s'élargit au fil des ans.
Ainsi en est-il du Pays rochelais dont l'influence déborde aujourd'hui largement de son strict cadre administratif (Communauté d'agglomération). Quand on parle de première, deuxième et troisième couronnes, c'est comme si l'on faisait des ronds dans l'eau.

A la lecture des nouveaux chiffres officiels, les communes qui ont le plus progressé ces dix dernières années sont celles des deuxième et troisième ceintures rochelaises : Angliers, Ferrières, Saint-Ouen-d'Aunis, Bouhet, Saint-Cyr- du-Doret, Virson. Leur boum démographique s'échelonne de + 46 % à + 82 %.

La palme à Dompierre

Mais en nombre d'habitants gagnés, la palme départementale revient à Dompierre-sur-Mer (+ 992 habitants, soit 23 %). C'est la première leçon de ce recensement : La Rochelle attire de plus en plus. Mais paradoxalement, la ville, elle, ne progresse plus. Scotchée à 80 000 habitants et des poussières depuis dix ans, elle gère comme elle peut son manque de foncier. Quand un récipient est plein, il ne peut que se vider. Ce qui est d'ailleurs le cas dans deux cantons du centre-ville qui sont les seuls du département à perdre des habitants (page 13). Mais revenons aux cercles démographiques. En atteignant des communes jadis éloignées de tout comme Courçon (+ 32 %), la Grève-sur-Mignon (+ 14 %), ils se croisent déjà avec les cercles de la zone d'attractivité de Niort. Les zones suburbaines se rejoignent. Les nouveaux habitants d'Yves (+ 28 %) ou de Saint-Laurent-de-la-Prée (+22 %) sont autant sous l'influence de La Rochelle que de Rochefort. Et si des petites communes comme La Clotte (+ 10 %), Bedenac (+ 9 %) ou Bussac-Forêt (+ 8 %), pourtant frappées comme tout le secteur du sud-Saintonge par l'exode rural, voient leur population progresser c'est avant tout parce qu'elles commencent à bénéficier de l'attractivité bordelaise.

« Ce n'est pas notre cas. On est un peu trop au nord », commente Lucien Morand, le maire de Boresse-et-Martron, la commune du département qui a connu la plus forte hémorragie en pourcentage de sa population (- 17 %).

« Chez nous, ça se compte facilement : nous avons eu sept décès l'an dernier et quatre familles qui ont quitté la commune. Aujourd'hui pour 3 constructions neuves, il y a 21 maisons vides ».

Mais les cas les plus symboliques de pertes démographiques sont naturellement ceux de Saint-Jean-d'Angély (- 463 habitants, - 6 %) et Jonzac (- 372 habitants, - 8 %), sous-préfectures de Charente-Maritime.

Rivedoux : + 25 %

Ce fut même l'un des enjeux de la campagne électorale de Saint-Jean-d'Angély. Entre 1999 et 2009, Saint-Jean (7 922 habitants) a perdu son rang de cinquième ville la plus peuplée du département au profit d'Aytré (8 889 habitants), première banlieue rochelaise. Et les îles ? Elles n'échappent pas au phénomène d'attraction du littoral. Mais avec la différence du reste du département que pour Oléron comme Ré, le littoral se trouve à l'Est. Ainsi, les cantons du Château-d'Oléron et Saint-Martin-de-Ré voient-ils leur population progresser sensiblement (+ 10 et + 11 %). « Ce qui est nouveau, c'est la hausse des résidents permanents et le fait que de plus en plus de propriétaires préfèrent louer à l'année qu'à la saison. Ainsi, de nombreux jeunes couples avec enfants se sont-ils installés ces dernières années. Pour la qualité de vie mais également pour la proximité de La Rochelle », commente Patrice Raffarin, le maire de Rivedoux qui a gagné 25 % d'habitants en dix ans.

Mais le principal enseignement de ce nouveau recensement c'est que la population de Charente-Maritime continuer à grimper. Avec 616 708 habitants, elle en a gagné 17 793 en dix ans, 133 086 en quarante ans. Et les deux tiers de ces 616 708 Charentais-Maritimes vivent dans les arrondissements de La Rochelle et Rochefort. Le département penche de plus en plus à l'ouest.

Recensement mode d'emploi. Jusqu'en 1999, les populations légales étaient déterminées à l'occasion de chaque recensement général. À partir de 2008, la nouvelle méthode basée sur des enquêtes de recensement annuelles permet de calculer chaque année des populations actualisées. Ainsi, fin 2008 sont publiées les populations légales qui entrent en vigueur le 1er janvier 2009. Ces populations sont millésimées 2006 car calculées à partir d'informations collectées lors des enquêtes de 2004 à 2008 et ramenées à une même date : celle du milieu de la période. L'égalité de traitement entre les communes est ainsi assurée.

La population totale dont nous donnons les chiffres dans les deux pages suivantes comprend la population municipale et la population comptée à part (Internats, casernes, hôpitaux etc.) Depuis 2004, les notions de population municipale et d'ancienne population sans doubles comptes se rapprochent, la définition de la population comptée à part ayant été modifiée de sorte qu'elle soit égale aux doubles comptes.
Auteur : Thomas Brosset

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